jeudi 17 mai 2012

Le mois de mai

Cours Florent : okay. Même qu'on a fait des bisous sur l'enveloppe avec mon frère avant de la poster. Ouais, ouais, comme dans les films.
Les films. Cannes. Le mois de mai.
Le mois de mai c'est cool. Déjà parce qu'il y a des jours fériés et tu peux glander en peignoir la fenêtre ouverte parce qu'il commence à faire beau et que tu as envie de porter des robes avec des cerises et de boire des cocktails avec des fraises et du citron, en écoutant Porque Te Vas. Oui le mois de mai te rend ridicule. Comme de regarder Cannes dans ton lit, sous la couette, et pleurer d'émotions, sans raison. Comme d'attendre Roland Garros en te demandant, quand, mais quand !, pourras-tu te payer une place en finale homme sous le cagnard ? Et puis le mois de mai c'est le mois des anniversaires et il est rigolo de faire les boutiques en cherchant quoi offrir. Le mois de mai c'est le mois où tu vieillis. 28 ans. J'imagine encore que je grandis. En centimètres. Mais non.

Et puis le mois de mai cette année ce fut aussi le changement. Mais bon, c'est chiant d'en parler, tu préfères regarder tout ça avec des grands yeux de fille émerveillée qui n'a jamais connu la gauche au pouvoir. Ca fait un peu des chatouillis dans le ventre d'y penser. Tu regrettes de ne pas être allée à la Bastille quand même.

Le mois de mai cette année c'est aussi synonyme de fric.
Ouais ouais Paris c'est cool mais Paris c'est cher. Alors des fois quand tu as du fric qui te tombe dessus, tu ouvres juste la bouche et les bras. Façon Messie, tu vois ?
Pour une fois dans ta vie, Pôle Emploi t'aura servi à quelque chose. Pour une fois tu auras eu envie de dire aux gens qui votent à droite "oui j'ai profité du système et je vous emmerde." Pour une fois tu auras eu envie de cracher à la gueule des gosses de riches avec mépris. Pour une fois tu ne te seras pas cherchée d'excuses pour justifier ce fric tombé du ciel. Pour une fois tu ne te seras pas sentie coupable. Pour une fois tu auras compris à quoi sert la prime pour l'emploi du Trésor Public. A t'aider. Et surtout pas à te montrer du doigt façon "wah regardez une pauvre". Pour une fois tu t'en fous qu'on te dise à ton taf "elle est en bas de l'échelle" parce que tu as l'affreuse impression qu'être en bas n'est fait que pour la gravir cette putain d'échelle. Et que ceux qui sont en haut ne peuvent que la dégringoler, sans panache. Et pour une fois tu n'as pas envie de rigoler face à cette métaphore pourrie. T'es prête pour l'escalade. Parce que j'aime bien m'élever, me prouver que je suis capable de relever mes défis.

Le défi du moment c'est de faire du social au boulot, dans ce monde de requins.
Bosser dans l'immobilier c'est drôle. Je suis devenue experte en décryptage d'accent mandarin, pakistanais et portugais. Je suis devenue experte en carpette, à rendre service à tout le monde, un pied en l'air, la main dans les cheveux, le sourire à la bouche. On pourrait écrire une série américaine. Tous les jours un nouveau cas à résoudre tout en suivant la vie passionnante des héros. Promis, je le ferai, mais pas aujourd'hui.