samedi 30 juin 2012

J'ai rencontré un Bisounours

Y'a pas si longtemps, j'ai rencontré un Bisounours.
Cécile m'a invitée à une soirée chez des amis à elle. Rendez-vous à 20h à Barbès. Okay, donc j'avais le temps de faire la sieste en rentrant du boulot. Je me suis réveillée les yeux plissés, les fringues fripées, les cheveux en pétard. Mais qu'importe, armée d'un courage jusqu'à alors inconnu, j'ai hissé mes bottines et je me suis emmenée jusqu'à Barbès donc.

Soirée sympa avec des gens sympas autour d'un repas sympa. Bref, jusque là, rien d'anormal. Le Bisounours était déjà là bien sûr, mais à ce moment je ne savais pas qu'il s'agissait d'un Bisounours. J'aurai dû me méfier. Mais que voulez-vous, un vendredi soir dans une cour parisienne à manger africain et à boire de la vodka, on ne se méfie pas. Et puis entre nous, il était intéressant, pas trop mal. Le genre de mec banal qu'on apprécie qu'une fois qu'on lui parle. Alors nous voilà parti à parler Cannes et Roland-Garros, autant vous dire qu'à ce stade de la soirée je le regardais avec des yeux émerveillés du genre "merde ce mec c'est moi, c'est peut-être l'homme de ma vie". Je vous le dis, faut résister à la vodka. Mais ce soir-là, France Gall ne chantait pas à mon oreille "Résiste, prouve que tu existes !", non que dalle. Abandonnée par France, je me suis laissée subjuguée comme une midinette en manque. Si bien qu'entre une heure du matin et trois heures du matin, je n'avais plus de cerveau, ni de bouche, je me la faisais bouffer.
Il a fallu rentrer ensuite. Là encore, je me suis faite avoir. On a vécu un moment cinéma. A pieds, à moitié sous la flotte, devant les grilles de la gare du Nord, sur le pont au-dessus des rails, on a couru, on a ri, on s'est embrassé. Juste après on a vécu un moment loose. L'inévitable envie de pipi quand tu as bu. L'idée était de trouver un taxi et que chacun rentre chez soi. On marchait, on ne trouvait pas de taxi ou on ne voulait pas les voir, je ne sais pas très bien. On est tombé sur une station essence. J'ai fait du gringue pour obtenir les clefs des toilettes. Alors, il faut savoir que les toilettes d'une station essence à la limite du 18ème-20ème, ce n'est pas ce qu'il y a de plus glam au monde. D'où l'instant loose. Ensuite on a continué à marcher, moi je commençais à décuiter et à me demander ce que je foutais. Mais on a trouvé un taxi à Jaurès et cinq minutes après j'étais larguée à Belleville, un dernier baiser et bye-bye.
Forcément, j'ai appelé mon frère, histoire de faire un débriefing. Là on se serait cru dans une série américaine, du genre No Sex and the City. J'ai vu le soleil se lever, j'ai reçu un texto romantique, une demande de rendez-vous et mon frère qui me disait "mais vas-y fooooooonce". Je me suis couchée.

Le lendemain, j'ai recommencé les coups de téléphone. Pas de mal de crâne, merci la vodka, j'étais donc bien lucide et je me souvenais de tout. Alice, mon frère, ma tante, Charlotte, tout le monde m'encourageait. Genre match de boxe. J'ai donc foncé, sans réfléchir.
Si j'avais su qu'il m'emmènerait aux Buttes Chaumont, si j'avais su qu'aux Buttes Chaumont il y avait pleins de couples, si j'avais su qu'il m'aurait roulé un patin dans la rue, si j'avais su que j'allais perdre ma main au profit de la sienne, et bien croyez-moi, je n'y serai pas allée.
C'est donc là que s'est révélé que l'homme était un Bisounours. J'ai rien contre l'idée des câlins, des suçons dans le cou, des caresses dans les cheveux, mais... Enfin, si, je suis contre. En tout cas pas comme ça, pas par un mec que je me suis levée la veille sous alcool. Okay, il était toujours aussi intéressant. Un mec bossant dans le cinéma ne peut être qu'intéressant pour moi. Mais merde, pourquoi se croyait-il obligé de me bouffer les doigts et de me prendre pour une gamine de deux ans à me dire "hum c'est bon tes doigts, je vais les croquer !" AU-SE-COURS ! Je préférais encore l'instant loose de la station essence. Oui j'suis pas une fille romantique, oui j'suis pas une fille facile et non je vais pas faire des efforts pour un mec avec un certain potentiel sous alcool qui s'avère décevant le lendemain.

Depuis, je ne l'ai pas revu. J'ai abusé de l'annulation des rendez-vous. Je me suis étranglée quand sur mon répondeur il m'a dit "je t'appelais juste pour entendre ta voix, elle me manque." J'ai fait rire tout le monde avec mon Bisounours. Mais moi ça m'a pas fait rigoler.
Où sont passés les mecs virils pour qui tu te jetterais à leurs pieds ? Où sont passés les mecs qui te ramènent chez toi et qui veulent te suivre pour te sauter ? Non, moi je me suis trimbalée un mec qui m'a ramenée chez moi, m'a smackée et m'a dit "Allez, un dernier bisou pour la route, à plus." Sans déc', je me suis sentie vexée.

Maintenant je boude. De la déception. On me dit encore "Mais, retournes-y, dis-lui, explique-lui." Non, pas possible. Comme dirait Alice, c'est comme dans Inception, une fois qu'une idée est implantée, impossible de s'en défaire. Et je peux pas m'enlever l'idée que j'ai rencontré un Bisounours à la guimauve. J'veux pas me faire aimer, j'veux me faire désirer, c'est pas pareil. Et je vois pas pourquoi je m'expliquerai. D'autant plus que j'ai eu l'impression de le larguer alors qu'on était pas ensemble. Tout du moins pour moi. Mais bon, je pense pas l'avoir traumatisé, après tout on s'est connu moins de 24h.

La prochaine fois que je rencontre un mec intéressant, je me coupe les mains, je mets une écharpe avant (oui parce que mettre une écharpe sans main c'est pas super évident), et je me boucle la bouche, et je vais tenter d'arrêter de boire de la vodka en soirée. Putain c'est pas gagné.