vendredi 13 janvier 2012

Je me suis dit beaucoup de choses

Je me suis couchée à 2h du matin, ce qui était beaucoup plus tôt que tous ces derniers jours.

A 3h15, j'avais envie de pisser. J'ai résisté 10 minutes en me tournant dans tous les sens en espérant que je me rendorme avec l'envie de pisser. Je me suis rendue compte que j'étais pas certaine de m'être endormie entre 2h et 3h15. Il était 3h30, je me suis levée, je suis allée aux toilettes, éclairée par mon téléphone portable. Avant de me recoucher, j'ai fini le verre d'eau sur mon bureau en me disant que je prenais le risque. J'aurai pas dû. A 3h50, j'avais envie de pisser. J'ai résisté 10 minutes. il était 4h, je me suis relevée, je me suis recouchée.

A 4h15, j'ai compris que je ne me rendormirai pas, je commençais à avoir mal au ventre. Je maudissais le fait d'être une fille. Tous les mois, on déteste toutes être une fille. Je me suis dit que j'étais pas seule dans ce cas. J'ai pensé à toutes les filles qui n'arrivaient pas à dormir parce qu'elles avaient mal au ventre. Ca faisait beaucoup de filles. Je me suis dit qu'à nous toutes on pourrait se rebeller mais que ça ne changerait rien, le mois prochain on aurait toujours mal. 
Je me suis redressée, j'ai pensé à tout ce que je faisais quand j'avais mal au ventre. Prendre une douche, boire une tisane à la verveine, me masser le ventre, les reins, les genoux, les coudes, la nuque, mettre une bouillotte sur mon ventre et la changer de position toutes les 5 minutes pour la mettre tantôt dans le dos, tantôt dans la nuque, prendre un efferalgan. 
Il était 4h30, je n'avais pas envie de bouger. Il fallait que je dorme, si je bougeais, c'était certain que ma nuit était foutue. Je me suis dit que j'allais être une fille forte. Je me suis dit que j'allais tester ma résistance à la douleur. Pour ça, il fallait s'occuper. Pour tenter d'endiguer la douleur. J'ai pensé à ma mère quand elle me disait de pratiquer la sophrologie. J'ai pensé à combien il était agréable de dormir et à tous les beaux rêves que j'allais faire. Ca n'a pas marché. Mais je ne voulais toujours pas bouger, j'étais persuadée de m'endormir d'ici peu et il ne fallait surtout pas louper le coche. 

A 5h je me suis relevée pour aller aux toilettes. Je me suis recouchée avec ma tablette. Je me suis dit que j'allais ouvrir internet tout en restant au lit, comme ça, si je sentais la fatigue arriver, je n'aurai plus qu'à fermer les yeux. Je me suis dit que 5h, c'était l'heure habituelle à laquelle je me couchais tous ces derniers jours, j'avais espoir de m'endormir, comme les autres jours.
J'ai consulté mes mails. Je n'avais que des spams et un mail de Biblioemplois. J'ai consulté les offres, il y avait une offre qui m'intéressait. J'ai pensé au CV et à la lettre de motivation que je devrais faire demain. J'ai consulté ma boîte gmail, celle sur laquelle j'envoie mes CVs. Je n'avais aucun mail. C'était normal. Je suis retournée sur mon autre boîte mail. J'ai pensé à mes copines qui dormaient. Elles avaient de la chance. 
J'ai éteint ma tablette. Il était 5h20. Je me suis relevée. Je me suis fait une tisane à l'hydrolat de verveine. J'ai calculé que d'habitude ça fait effet environ 1/2h plus tard, il serait donc 5h50. J'ai consulté mon téléphone. Je me suis souvenue qu'avant de me coucher j'avais mis un réveil à midi. Je m'étais dit que ça m'obligerait à me lever plus tôt. Puis j'ai calculé qu'à 6h je serai sans doute encore réveillée alors j'ai enlevé mon réveil, je trouvais que ça ne faisait pas assez d'heures de sommeil sinon, surtout pour quelqu'un qui n'avait rien à faire de sa journée. Je me suis dit que je pouvais me lever à l'heure que je voulais. Alors tout d'un coup j'en avais plus rien à faire de ne pas arriver à dormir. 

J'ai rallumé ma tablette, je suis allée sur allociné. J'ai regardé pleins de bandes annonces et des émissions sur le cinéma. Je me disais que je ne perdais pas de temps, je me cultivais. Je me suis toujours dit ça. Quand je n'allais pas en cours quand j'étais étudiante, préférant le cinéma, c'était ce que je me disais. Quand je repousse quelque chose, le remplaçant par le cinéma, c'est ce que je me dis.
Je regardais tout ça dans le flou, je n'avais pas mis mes lunettes, je ne voulais pas, parce que sinon je ne me rendormirai jamais. J'ai vu beaucoup de bandes annonces en anglais sous-titrées sans être capable de lire les sous-titres, ils étaient flous et tout petits, et je ne comprends pas un mot d'anglais, mais pas grave, les images bougeaient. 

Il était 6h15. J'avais toujours mal au ventre, la tisane n'avait pas fait effet et j'allais exploser tant j'avais envie de pisser. Je me suis relevée. Je me suis recouchée, j'ai serré les dents en même temps que je serrais mon oreiller dans l'espoir futile qu'il me tienne compagnie dans ma douleur. Elle revenait en puissance la salope. La tisane me rendait la vessie insupportable. J'avais froid, j'ai allumé le chauffage à fond. J'ai crevé de chaud au bout de 10 minutes. J'ai éteint le chauffage. Je transpirais. J'ai enlevé la couette, j'ai mis les pieds sur le mur, les jambes en l'air, j'ai pensé à tous ces films que j'avais vu où les gens qui ne dorment pas mettent les jambes en l'air. C'est n'importe quoi. J'ai commencé à faire des dessins avec mes orteils sur le mur. Je me suis dit que ça allait salir le mur, et comme je déménage bientôt, c'était pas le moment de salir le mur, même s'il était déjà sale. J'ai arrêté de faire des dessins, je me suis remise sous ma couette, j'avais froid. J'ai repris ma tablette, j'ai consulté les offres d'appartement, c'étaient les mêmes depuis une semaine, je les connaissais par coeur. J'ai consulté mes mails gmail, je n'avais toujours aucun mail, c'était normal. J'ai éteint ma tablette. J'ai regardé l'heure sur mon portable, il était 7h, je me suis dit que j'avais bien fait d'enlever mon réveil, je n'aurai jamais su me réveiller à midi. 

A 7h15, j'ai entendu ma voisine prendre une douche, aller aux toilettes et sortir de chez elle. Je me suis levée, j'ai capitulé, j'ai chauffé ma bouillotte, j'ai bu un verre d'eau avec un efferalgan dedans, j'ai failli vomir, je déteste l'efferalgan, c'est dégueu. J'ai fait tout ça dans le noir, sans mes lunettes, je me suis cognée à mon fauteuil, mon orteil a souffert, je me suis recouchée. J'ai attendu. Généralement, ça fait effet 1/4 d'h plus tard, j’espérais vraiment que ça marcherait. J'ai écouté les bruits dehors, les éboueurs, les bus, les bruits des pas des gens dans la rue qui vont au travail, les klaxons. J'ai regardé l'heure, il était 8h. C'était la première fois où j'étais contente de ne pas avoir de boulot parce que c'est l'heure à laquelle je me levais quand j'allais au boulot. J'ai fermé les yeux, j'ai pensé qu'il fallait absolument que j'envoie un CV demain, qu'il fallait que je fasse ma lessive.
Je me suis endormie. 

Je me suis réveillée à 14h, tout pile. J'ai dormi 6h. C'est n'importe quoi. Je vais rester en pyjama toute la journée, je n'irai pas faire ma lessive. Je vais boire café sur café et je vais me dire que ce soir, il faut que je me couche tôt et que demain, j'irai à la laverie. Puis je me dis que boire café sur café va m'empêcher de dormir et me donner envie d'aller aux toilettes tous les quart d'heures. C'est injuste. En plus, j'ai plus du tout mal au ventre, jusqu'au mois prochain. C'est encore plus injuste. 


Si toi aussi il y a des nuits où tu galères, tu peux compatir

4 commentaires:

  1. "J'ai pensé à tous ces films que j'avais vu où les gens qui ne dorment pas mettent les jambes en l'air. C'est n'importe quoi."

    J'ai jamais fais mais j'aime beaucoup l'idée. Bref, moi je compati à mort.

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  2. Tu peux toujours essayer, sait-on jamais...

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  3. Ça marche quand t'as mal au dos, genre t'as passé la journée à marcher. Mais ça fait pas dormir.

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